Préalables au minimalisme
La mode du minimalisme en Amérique du nord est en train de gagner une majorité de coureurs informés. Même si une très grande majorité de scientifiques et de professionnels de la santé ou entraîneurs sont d'accord avec le concept, certains sont d'avis que l'individu qui désire faire un transfert vers le pied nu ou la chaussure minimaliste doit répondre à certains pré-requis.
Plusieurs sont convaincus qu'il faut d'abord apprendre à bien courir (Chi running, Pose technique, Evolution running, FBG, ...) avant de s'orienter vers le minimalisme. Ces défenseurs de la "technique" sont convaincus qu'il est essentiel de minimiser les forces d'impact (apprendre à courir tout en légèreté) ou d'intégrer des particularités techniques, comme diminuer l'attaque talon, avant d'enlever ou de minimiser la chaussure. Cette opinion vient de l'idée que minimiser l'interférence n'est pas suffisant en soit pour amener les corrections biomécaniques essentielles à la protection du squelette.
Une autre école de pensée promue par les professionnels de la santé est qu'il faut s'assurer d'avoir certaines qualités physiques comme des amplitudes de mouvements minimales (cheville en dorsi-flexion et extension de l'hallux), un minimum de force-endurance (fléchisseurs plantaires -monter sur la pointe des pied) et une bonne proprioception (capacité de se maintenir en équilibre sur une jambe) avant de pouvoir minimiser l'interface de la chaussure.
L'opinion de la Clinique Du Coureur est que même s'il est intéressant d'avoir ces pré-requis, nous ne pensons pas qu'ils sont essentiels à une transition vers le minimalisme (chaussures plus près du sol ou pieds nus). Comme le facteur limitant pour la majorité des gens dans le processus d'adaptation est la tolérance tissulaire et non pas les amplitudes, la force ou la proprioception, Blaise Dubois recommande d'être simplement progressif dans sa transition et de faire confiance au processus d'adaptation sur tous les points. Cela veut dire qu'au moment où nous porterons une chaussure minimaliste, si on fait une transition douce et progressive, le corps gagnera en amplitude, en force et en proprioception et améliorera sa biomécanique de façon induite par la chaussure et non pas de façon volontaire. La Clinique Du Coureur a une expérience clinique qui réfère à plusieurs milliers de prescriptions de chaussures minimalistes avec parfois comme seuls conseils d'être progressif et d'écouter son corps...
Pour réussir sa transition vers le minimalisme, voici les 3 points essentiels:
A. Progressivité : Utiliser la règle des "1 minute maximum" de plus par jour est une des meilleures manières de faire cette transition. À chaque sortie, en début d'entraînement, on enfile nos chaussures minimalistes pour courir une minute de plus que l'entraînement précédant... avant de rechausser nos chaussures traditionnelles.
B. Écoute : Les 5 structures anatomiques fragilisées par une chaussure traditionnelle seront aussi les structures les plus à risque de se blesser. Il faut donc bien écouter son corps et être éveillé aux symptômes produits par le mollet, le tendon d’Achille, le dessous du pied (fascia plantaire et têtes métatarsiennes) et le dessus du pied (os métatarsiens). Dans le cas de nouvelle douleur, c'est que vous allez trop vite.
C. Bon choix : Dans l'objectif que la chaussure n'interfère pas avec la biomécanique naturelle, les sensations neurologiques du pied ou les adaptations tissulaires, la chaussure minimaliste devra respecter certains critères.
En ordre d'importance, voici les priorités :
1- Le "fit anatomique" (ajustement adéquat pour minimiser les points de pression sur votre pied et vos orteils)
2- Interférence minimale (la pente et l'épaisseur devront être minimales pour diminuer l'interférence entre le pied et le sol)
3- Flexibilité optimale (la chaussure devrait offrir une bonne flexibilité dans tous les plans mais principalement au niveau de l'avant-pied et de têtes métatarsiennes)
4- Éviter les technologies de contrôle du mouvement (le moins possible de supports technologiques pour augmenter la stabilité tels les coupoles calcanéennes rigides, les renforts anti-pronateurs, les élargissement de la semelle extérieure de la chaussure, les systèmes de laçages pour soutenir l'arche plantaire, les supports d'arche, etc.)
5- Légèreté Nous espérons que ces valeureux conseils vous aideront dans votre nouvelle aventure.
Bonne transition!