Hydratation 3 de 4: Les dessous de la science de l’hydratation… et ses conséquences

Science et business font souvent mauvais ménage. Notre expérience nous l’a souvent démontré avec l’industrie de la chaussure de sport. Le dernier livre de Tim Noakes fait l’analyse de plusieurs théories scientifiques qui sont en réalité teintées de biais commerciaux. Scientifiques en conflit d’intérêts, chercheurs sponsorisés, journaux scientifiques biaisés dans leurs choix de publications, copinage, collusion… même en science ça existe ! À nouveau, nous vous présentons certains extraits de « Waterlogged, The Serious Problem of Overhydration in Endurance Sports ».

Partie 3 de 4.

 

Voici quelques points intéressants concernant l'Institut des Sciences du Sport de Gatorade (GSSI)

 

  • À partir de 1982, les ventes de Gatorade (marque de PepsiCo) ont augmenté constamment, pour des ventes cumulées d'au moins 18 milliards de dollars jusqu'à 2005.
  • L'ACSM (Conseil Américain de Médecine du Sport) a publié ses lignes directrices en 1996 et en 2007. Celles-ci étaient fortement basées sur le mythe de la déshydratation. L'ACSM est financée par Gatorade.
  • Pour son rapport publié en 2007 nommé «L'exercice et le remplacement des fluides», l'ACSM avait mandaté 5 scientifiques qui ont reconnu avoir reçu des honoraires ou du financement du GSSI.
  • D'autres organismes comme l'Association Américaine de Diététique et les Diététistes du Canada (2009) basent leurs recommandations sur la position de l'ACSM... il faudra refaire ses devoirs.
  • Plusieurs études faisant la promotion du «mythe de la déshydratation» ou du «mythe du transpirateur de sel» sont financées par Gatorade.
  • Voici une citation du Dr Murray, un scientifique co-fondateur et directeur du GSSI: «La soif est un mauvais indicateur des besoins en fluides de vos enfants. Avant même que la majorité des enfants ressentent la soif, ils sont peut-être déshydratés car ils ont déjà perdu une quantité importante de fluides et d'électrolytes. Alors qu'un breuvage rafraîchissant à base d'eau peut sembler satisfaisant, il ne fournit pas l'énergie nécessaire aux enfants afin qu'ils continuent à jouer de façon intense et à avoir du plaisir. Une boisson sportive comme Gatorade est la meilleure façon de garder les enfants autant rafraîchis que pleins d'énergie.»
  • Le GSSI a fait la promotion de surconsommation de fluides par des recommandations erronées.

 

  L'hyponatrémie induite par l'exercice (HIE)

 

  • Plus de 1600 cas d'HIE ont été rapportés dans la littérature scientifique ou documentés au triathlon d'Hawaï.
  • L'HIE représente le plus grand facteur de risque pour la santé des athlètes d'endurance.
  • L'HIE peut provoquer un œdème cérébral, le coma, des convulsions et une défaillance respiratoire.
  • La surconsommation de fluides cause la vaste majorité des cas d'HIE.
  • Les reins ont une capacité limitée à évacuer une charge de liquides. Les intestins peuvent quant à eux absorber les fluides plus vite que les reins peuvent les évacuer.
  • Les intestins pourraient emmagasiner jusqu'à 1,2 litres de fluides avant le développement de diarrhée.
  • Actuellement, aucune référence solide ne montre que l'ingestion d'électrolytes pendant l'exercice pourrait prévenir l'HIE.

 

L'épidémie d'HIE qui a sévi surtout en Amérique du Nord au cours des années 1990 a été causée par des facteurs incitant les personnes à risque à boire de façon excessive pendant l'exercice.

 

  • Si elles sont consommées en trop grande quantité, les boissons sportives causeront l'hyponatrémie. L'administration d'une solution saline (0,9%) augmentera aussi le surplus de fluides.
  • L'HIE se produira seulement chez ceux qui 1- boivent de façon excessive régulièrement pendant un exercice prolongé; 2- ont le syndrome d'ADH inappropriée; 3- qui réduisent le sodium circulatoire par osmose en l'emmagasinant dans une structure cellulaire inactive.
  • Les 2 plus grands facteurs de risque sont: la prise de poids pendant la course et une durée de course plus grande que 4 heures.
  • Si le poids de l'athlète ne diminue pas d'environ 2-3 kg (4-6 lbs) pendant une épreuve d'Ironman, c'est que l'athlète est déjà surhydraté.

 

Pour conclure (avec les mots de Tim Noakes)

 

  1. Votre corps vous dira ce dont il a besoin, vous n'avez qu'à l'écouter.
  2. Buvez seulement lorsque vous avez soif.
  3. La déshydratation n'est pas une maladie!
  4. Comprenez que ce que vous croyez actuellement à propos de votre bien-être est le résultat de manigances ciblées des compagnies, qui ont comme principal intérêt leur santé commerciale et non votre santé ou votre sécurité!

 

Ne manquez pas le dernier billet de cette série: «Et après...on fait quoi?»